Le 26 Janvier, en Chine, c'est ChunJie, Spring Festival, le Nouvel An Chinois. C'est aussi la semaine durant laquelle tous les Chinois ont une semaine (au moins) de vacances et où l'on déconseille aux touristes de voyager car, du 23 au 1er février, tous ces gens prennent le train, le bus pour rendre visite à leur famille qui habite une autre province (je ne l'ai pas signalé, mais la Chine, c'est grand, donc ces gens qui ont quitté la campagne pour la ville voient peu leurs familles...)
Bref. Nous avons sagement décidé de revenir à Nankin avant le 23... problème, on n'aura pas assez de temps à Macao et HongKong, donc nous nous décidons à rentrer plus tard, trouver un train en partance de HongKong le 24 aurait été l'idéal...
Sauf que :
1. En Chine, il faut être dans la ville de départ pour acheter le billet de train. (à Nankin, on ne peut acheter que le Nanking - ShangHai, pas le train retour...)
2. Sinon, on peut passer via une agence de voyage qui facture une petite majoration pour l'intermédiaire
Ne nous trouvant pas à HongKong, on décide de passer par une agence de voyage à GuiLin. Plusieurs réponses -bien sur- divergentes!
- On ne peut pas réserver de ShenZhen (on ne peut pas partir de HongKong même) - Nanjing parce que c'est ChunJie
- On peut, mais c'est 100 yuans de frais
- Le bus, pas la peine d'y penser... Trop long, trop cher et finalement pas de place...
On vote pour la solution à 100 yuans pour s'entendre dire après 30 minutes que finalement, le 24 ce sera ChunJie (scoop!) et que pour l'occasion, les réservations sont suspendues...
On abandonne et décide de voir ça plus tard. Nous devons passer par Canton pour aller à Macao, donc on essaye d'acheter un ticket retour dès notre arrivée sur place à 8h et quelque...
Là, commence l'épopée. On se rend aux guichets de la gare, normal, sauf que là, première file d'attente, 10 minutes plus tard, des policiers nous font asseoir sur des bancs sous des tentes installées devant l'entrée de la salle des guichets tant convoités. Plusieurs centaines de personnes sont assises là et attendent leur tour... On n'est pas pressés, et on s'y attendait un tout petit peu... Miracle, un militaire voit Uli (une blonde au milieu de 500 Chinois c'est assez visible) et lui dit qu'elle n'a pas besoin d'attendre. Arnaud et moi la suivons. Symbole fort de la lutte contre la discrimination capillaire et surtout, moyen de gagner du temps.
On était un tout petit peu mal à l'aise suite à ce traitement de faveur absolument pas égalitaire. Mais bon, l'égalité, dans un pays communiste, on s'en fout non? C'est un concept parfaitement Français, et encore, bref...
Arrivés dans le hall, Uli et Arnaud font la queue dans 2 files d'une trentaines de personne tandis que j'accoste le premier policier que je vois pour lui demander s'il n'y aurait pas, par hasard, un guichet réservé aux étrangers (on a vu ça quelques fois...)
Le charmant monsieur m'emmène à un guichet réservé aux militaires où personne ne fait la queue...
Miracle, on est plus tellement étonnés, ni génés pour les personnes devant nous qui ont vraisemblablement du se lever à 4heures pour être là à 8h45...
Finalement, tous ces efforts et cette ruse nous amènent à la réponse suivante: pour cause de ChunJie, la gare ne vend que des billets de trains partants dans les 3 jours... Top. Pour le 24, c'est mort, nous sommes le 18. On nous dit d'aller devant un hôtel... OK, pourquoi pas, il paraît qu'on peut acheter des billets pour plus tard...
Arrivés là bas, aucun problème pour trouver, la file d'attente est pour le moins remarquable. On essaye de jouer la carte "origine ethnique" pour gagner du temps. Pas moyen. Et mon manteau ne suffit pas à nous donner le droit d'utiliser le passage emprunté par les soldats...
C'est parti pour 2h30 de queue, sous le soleil (eh oui, GuangZhou, c'est pas nanjing et on crève de chaud avec nos sacs à dos hyper lourds, nos manteaux d'hiver, et je dois reconnaître que mon col roulé n'était pas des plus appréciables par 25 degrés...)
La file d'attente, ça donne à peu près ça: 2 couloirs séparés en une demi douzaines de tronçons, et des barrières amovibles (= manches à balais) contrôlés par des gardes plus ou moins éveillés...
Dans ce contexte, mon Ipod est mon seul allié...
Un peu avant midi, on pénètre dans le hangar au centre duquel travaillent une centaine d'agents de la compagnie ferroviaire, encerclés par plusieurs centaines de voyageurs qui attendent d'acheter leur précieux titre de transport...
Là, ça va relativement vite. On apprend qu'on ne peux pas acheter de ticket pour le 24 car ils ne vendent que pour les 6 prochains jours. On rentrera donc de Canton le 23 Janvier, à 8h08, et nous ferons le voyage assis. Plus de place en couchette.
On est tellement contents d'avoir finalement pu acheter nos tickets qu'on oublie de penser à ce que signifient 25 heures assis dans un train...
Au final, une expérience (je ne dirai pas enrichissante mais...) mémorable qui valait bien un petit roman...
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